La Loutre d’Europe : la connaissez-vous ?

La Loutre d’Europe : la connaissez-vous ?

La Loutre d’Europe ou loutre commune est un mustélidé mesurant entre 100 et 130 cm, dont environ un tiers pour la queue, pour un poids de 6 à 11 kg. Les mâles sont généralement plus grands que les femelles. C’est un mammifère semi-aquatique parfaitement adaptée à son milieu grâce à son corps fuselé hydrodynamique, à la présence de pattes palmées et à un pelage dense particulièrement isolant. Les mâles atteignent leur maturité sexuelle à 3 ans et les femelles vers leurs 4 ans. Chaque portée compte 1 et 3 petits (loutrons) qui seront sevrés vers les 8 mois mais leur éducation peut durer 2 ans.
L’espérance de vie étant en moyenne de 4 à 5 ans, atteignant exceptionnellement les 10 ans, de nombreuses loutres d’Europe meurent donc avant même de se reproduire.

Loutre des Pyrénées- Barronies (source : Commons.Wikimedia)

Habitat et alimentation
Elles fréquentent tous les types de milieux aquatiques, du bord de mer jusqu’en montagne aux environs de 2000 m d’altitude. Solitaire et plutôt nocturne, bien que non adapté particulièrement à la vie nocturne, la loutre a besoin d’un territoire souvent étendu qui peut varier entre 3 à 40 km de cours d’eau par individu selon les ressources disponibles. Les gîtes peuvent être à l’air libre (zones arbustives denses) ou des terriers (« catiches »), généralement installés dans la berge des cours d’eau. Pêcheuse hors-pair, ses apnées peuvent dépassées plusieurs minutes, son régime alimentaire est essentiellement composé de poissons, mais il peut également comprendre une part importante d’amphibiens et d’invertébrés aquatiques, ainsi que des mammifères, des oiseaux, des reptiles et des insectes. Une loutre consomme en moyenne 10 à 15% de son poids, soit un kilogramme de nourriture par jour.

Protection et sauvegarde
Présente sur la quasi totalité du territoire métropolitain jusqu’au début du XXe siècle, la loutre a progressivement régressé à partir des années 1930. Intensément chassée pour sa fourrure, elle l’a aussi été pour ses dégâts causés aux piscicultures et d’une manière générale pour sa concurrence en tant qu’espèce piscicole prédatrice. A la fin des années 1970, l’espèce n’était plus recensée que dans le Massif central et la façade atlantique. Ce n’est qu’à partir des années 1980, après la mise en place de la protection légale de l’espèce (arrêté ministériel du 17 avril 1981), qu’un début de recolonisation s’est amorcé. Mais cette recolonisation demeure très lente, du fait du faible taux de reproduction de l’espèce, de la persistance de certains facteurs qui ont contribué à sa raréfaction et de l’essor de nouvelles menaces comme l’intensification du trafic routier.
Aujourd’hui, elle est encore absente ou quasi absente dans une bonne partie de la moitié est du pays. L’espèce est toujours considérée comme vulnérable, voire très menacée dans une bonne part des régions où elle est présente. Seuls le Limousin et l’Auvergne échappent à ce constat. Dans les Pyrénées centrales, la présence de la loutre est avérée dans l’Ariège, sur l’Ariège notamment en amont de Foix, le Vicdessos, le Salat, le Lez, l’Arac, l’Arize… En Haute-Garonne, on peut la rencontrer sur la Garonne jusqu’à Toulouse, sur la Pique, le Ger… Elle est aussi bien présente dans les Hautes- Pyrénées, notamment sur le bassin des Nestes et de l’Adour.

Répartition de la loutre en 2012
(source : PNA 2010-2015, SFEPM, SPN-IEGB-MNHN, et contributeurs)

Espèce emblématique des milieux préservés, la loutre est aujourd’hui un moteur non négligeable de la conservation des écosystèmes aquatiques. En 2010, un Plan National d’Actions pour la Loutre d’Europe en France a été mis en œuvre, 10 ans après le Plan de Restauration créé par René Rosoux et le Collectif Loutre pour la Société Française pour l’Etude et la Protection des Mammifères (SFEPM). Ce plan d’actions a pour objectifs de permettre une meilleure protection des populations existantes, de favoriser la recolonisation de l’ancienne aire de répartition, de mieux faire circuler l’information entre l’ensemble des acteurs concernés et de permettre une meilleure cohabitation entre la loutre et les activités humaines.

Repérer sa présence : traces et indices
Les traces de pas de la loutre sont assez caractéristiques mais peuvent être confondus, selon les conditions, avec d’autres espèces, comme le blaireau par exemple, voir le ragondin qui laisse des empreintes différentes mais de gabarit comparable. Celles du vison sont également très similaires mais de taille plus réduite. La loutre possède à chaque patte cinq doigts munis de petites griffes. Les pelotes digitales (« coussinets ») sont réparties en éventail autour de la pelote plantaire et donnent à la trace une forme semi-circulaire. Le pouce situé très en arrière permet de distinguer les pattes droites des gauches. Dans la grande majorité des cas les griffes marquent peu et le pouce est absent. Il en est de même pour la palmure qui est rarement marquée. La taille des empreintes varie avec le sexe et l’âge des animaux, la plupart mesurant en moyenne 6 x 6 cm pour les pattes antérieures et 6 x 7,5 cm pour les postérieures. Chez les jeunes individus elle n’excède pas 5 cm.

Empreintes de loutre (cliché : Philippe Lllanes, Parc National des Pyrénées)

Les épreintes (crottes)constituent l’indice de présence de la loutre le plus sûr. Elles sont bien caractéristiques tant de par leur aspect extérieur que par leur odeur. Constituées des restes non digérés noyés dans une substance muqueuse, elles forment en général de petits amas informes qui peuvent dépasser une dizaine de centimètres de long, d’aspect huileux quand elles sont fraîches. Elles peuvent être déposées sur des pierres, des troncs, etc. émergeant des cours d’eau ou sur la berge, voire très loin de l’eau.

Epreintes de loutre (source : Wikipédia)

Les reliefs de repas (autrefois appelés « carnages » pour la loutre) sont également des indices Il n’est pas rare de trouver des restes de proies sur les berges (poissons, batraciens, crustacés…) mais l’identification du prédateur reste difficile. Les poissons partiellement consommés par la loutre sont entamés par la tête ou le ventre.
Les coulées dans la végétation peuvent également signaler leur présence mais souvent il est difficile de la distinguer de celle d’un ragondin ou d’un renard, d’autant plus que plusieurs espèces peuvent l’utiliser. La coulée d’une loutre est plutôt étroite et sinueuse, l’herbe est simplement foulée et non écrasée contrairement à celle du ragondin, plus rectiligne avec l’herbe écrasée.

Vous pouvez signaler la présence d’une loutre sur le site de la SFEPM

Sources :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *