Les Fous de toc se lâchent…Laurent Missana

Les Fous de toc se lâchent…Laurent Missana

Laurent Missana

La pêche à la truite, une histoire de famille…

J’aurais certainement quelques anecdotes croustillantes à vous raconter. Je pense tout particulièrement à des ouvertures bien arrosées entre potes ou on refaisait le monde jusque tard dans la nuit autour d’un bon feu de cheminée. Ou bien des luttes homériques avec dames Fario qui m’ont données tant de fil à retordre sur mon cher Gave d’Ossau que je chérie tant. Je vous rassure la plupart d’entre elles ont eu le dernier mot.
Ma vie de pêcheur est étroitement liée à celle de mon frangin qui m’a initié à ce qui allait devenir une véritable passion : la pêche au Toc aux appâts naturels. Incontestablement, ce sont les moments passés à ses côtés qui ont marqués mon enfance. J’ai choisi de vous raconter cette parenthèse de ma vie. Mon histoire avec la belle mouchetée remonte à environ trois décennies.
Nous habitions une petite bourgade des Pyrénées-Atlantiques proche du Gave de Pau. Alain se donnait un mal de chien pour m’attirer au bord de l’eau, je préférerais une partie de Pelote Basque avec mes copains à ses cannes à pêche. Ma mère était rassurée que je l’accompagne, alors je m’exécutais sans rechigner car les nombreuses balades à vélo à travers la campagne béarnaise nous faisait du bien.
Je me souviens qu’à cette époque nous nous sommes essayés à toutes les techniques de pêche, carnassier en lac (brochet, perche) au vif ou à la cuillère, pêche au coup ou bien à l’anglaise, au posé à l’anguille du coucher du soleil jusqu’à minuit (elles étaient encore nombreuses à l’époque), ainsi que les petits ruisseaux qui regorgeaient de petites merveilles. Entre lacs et rivières, le piémont pyrénéen offre une multitude de possibilités pour les passionnés de la pêche que nous sommes.
Le véritable déclic m’est venu lorsque nous avons découvert les grands gaves, celui de Pau bien sûr mais plus particulièrement les Gaves d’Oloron et d’Ossau. Nous étions au début des années 90, le permis voiture en poche nous permettait de nous évader plus souvent. Mon frère m’a appris les bases de cette discipline qui ne pardonne aucune erreur, lecture de la rivière, montage du bas de ligne (hameçon, plombage …), choix des appâts. Il était d’une extrême patience, une sorte d’autodidacte qui aimait par dessus tout transmettre sa passion. 
Je peux le dire aujourd’hui sans retenue, je lui dois beaucoup car sans lui je n’aurais sans doute jamais mis les pieds au bord d’une rivière. Il me disait souvent, ouvre grand les yeux pour contempler nos montagnes et respire le grand air tant quand tu le peux. Nous ramassions selon la période de l’année toutes sortes d’appâts naturels que les rivières pouvaient nous offrir, patraques, perles, mouches de Mai, portes bois et vers de berges dans les sous bois que j’affectionne tant. La patience m’est venue naturellement avec l’âge. Alain était plus méthodique que moi dans son approche des postes à prospecter et donc il obtenait de meilleurs résultats. Il m’arrivait souvent de plier la canne pour l’observer à son insu. J’étais là bien sûr lorsqu’il a mis au sec les plus beaux trophées dans le bois du Bager.
La pêche à la truite est une école de la vie, en tout cas je la conçois comme telle. Je voulais lui rendre hommage, lui qui a délaissé les rivières pour des raisons personnelles et professionnelles. Il m’a appris à respecter le poisson et plus largement son environnement.
Merci à toi Alain

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